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l’héritage

s’arrêtant devant les étalages, examinant les riches étoffes, les bijoux, les meubles de luxe, avec cette pensée joyeuse : « Je pourrai me payer cela maintenant. »

Tout à coup il passa devant un magasin de deuil et une idée brusque l’effleura : « Si elle n’était point morte ? S’ils s’étaient trompés ? »

Et il revint vers sa demeure, d’un pas plus pressé, avec ce doute flottant dans l’esprit.

En rentrant il demanda : « Le docteur est-il venu ? »

Cachelin répondit : « Oui. Il a constaté le décès, et il s’est chargé de la déclaration. »

Ils rentrérent dans la chambre de la morte. Cora pleurait toujours, assise dans un fauteuil. Elle pleurait très doucement, sans peine, presque sans chagrin maintenant, avec cette facilité de larmes qu’ont les femmes.

Dès qu’ils se trouvèrent tous trois dans l’appartement, Cachelin prononça à voix basse : « À présent que la bonne est partie se coucher, nous pouvons regarder s’il n’y a rien de caché dans les meubles. »

Et les deux hommes se mirent à l’œuvre. Ils vidaient les tiroirs, fouillaient dans les poches, dépliaient les moindres papiers. À minuit ils n’avaient rien trouvé d’intéressant. Cora s’était assoupie, et elle ronflait un peu, d’une façon régulière. César demanda : « Est-ce que nous allons