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l’héritage

« — Eh bien ! oui, j accepte. »

Quand son père lui dit, en rentrant : « Tu ne sais pas, M. Maze vient diner ici dimanche prochain, » Cora, surprise d’abord, balbutia :

« Monsieur Maze ? — Tiens ! »

Et elle rougit jusqu’aux cheveux, sans savoir pourquoi. Elle avait si souvent entendu parler de lui, de ses manières, de ses succès, car il passait dans le ministère pour entreprenant avec les femmes et irrésistible, qu’un désir de le connaître s’était éveillé en elle depuis longtemps.

Cachelin reprit en se frottant les mains : « Tu verras, c’est un rude gars, et un beau garçon. Il est haut comme un carabinier, il ne ressemble pas à ton mari, celui-là ! »

Elle ne répondit rien, confuse comme si on eût pu deviner qu’elle avait rêvé de lui.

On prépara ce diner avec autant de sollicitude que celui de Lesable autrefois. Cachelin discutait les plats, voulait que ce fût bien, et comme si une confiance inavouée, encore indécise, eût surgi de son cœur, il semblait plus gai, tranquillisé par quelque prévision secrète et sûre.

Toute la journée du dimanche, il surveilla les préparatifs avec agitation, tandis que Lesable traitait une affaire urgente apportée la veille du bureau. On était dans la première semaine de novembre et le jour de l’an approchait.

À sept heures, Maze arriva, plein de bonne