Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/220

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Gontran murmura, en ayant l’air de réfléchir :

— C’est possible. J’y penserai.

— Pensez-y, mon cher, et n’oubliez pas que je ne parle jamais que de choses très sûres, après y avoir beaucoup songé, et quand je connais toutes les conséquences possibles et tous les avantages certains.

Mais Gontran, levant un bras, s’écria comme s’il venait d’oublier brusquement tout ce que lui avait dit son beau-frère :

— Regardez ! Que c’est beau !

Le bouquet s’allumait, simulant un palais embrasé sur lequel un drapeau flambant portait Mont-Oriol en lettres de feu toutes rouges, et, en face de lui, au-dessus de la plaine, la lune, rouge aussi, semblait apparue pour contempler ce spectacle. Puis, quand le palais, après avoir brûlé quelques minutes, fit explosion ainsi qu’un navire saute, en projetant dans le ciel entier des astres de fantaisie qui éclataient à leur tour, la lune resta toute seule, calme et ronde sur l’horizon.

Le public applaudissait avec rage, criait : « Hurra ! Bravo ! bravo ! »

Andermatt dit soudain :

— Allons ouvrir le bal, mon cher. Voulez-vous danser en face de moi le premier quadrille ?

— Mais oui, certainement, mon cher beau-frère.

— Qui avez-vous l’intention d’inviter ? Moi, j’ai retenu la duchesse de Ramas.

Gontran répondit avec indifférence :