Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/221

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— Moi j’inviterai Charlotte Oriol.

Ils remontèrent. Comme ils passaient devant la place où Christiane était restée avec Paul Brétigny, ils ne les aperçurent plus.

William murmura :

— Elle a écouté mon conseil, elle est partie se coucher. Elle était très lasse aujourd’hui.

Et il s’avança vers la salle de bal que les hommes de service avaient préparée pendant le feu d’artifice.

Mais Christiane n’était point rentrée dans sa chambre, ainsi que le pensait son mari.

Dès qu’elle s’était sentie seule avec Paul, elle lui avait dit tout bas, en lui serrant la main :

— Te voici donc venu, je t’attends depuis un mois. Tous les matins, je me demandais : Est-ce aujourd’hui que je le verrai ?… Et tous les soirs je me disais : Ce sera demain alors ?… Pourquoi as-tu tardé si longtemps, mon amour ?

Il répondit avec embarras :

— J’ai eu des occupations, des affaires.

Elle se penchait sur lui, murmurant :

— Ça n’était pas bien de me laisser seule ici, avec eux, surtout dans ma situation.

Il écarta un peu sa chaise :

— Prends garde, on pourrait nous voir. Ces fusées éclairent tout le pays.

Elle n’y pensait guère ; elle dit :

— Je t’aime tant !

Puis, avec des tressaillements de joie :