Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/213

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dente, cette femme, ce couple, comme on va visiter une relique miraculeuse.

J’avais contemplé, triste, surpris, émerveillé et dégoûté, cette fille qui avait suivi cet homme, ce rustre, séduite par son uniforme de hussard cavalcadeur, et qui plus tard, sous ses haillons de paysan, avait continué de le voir avec le dolman bleu sur le dos, le sabre au flanc, et chaussé de la botte éperonnée qui sonne.

Cependant elle était devenue elle-même une paysanne. Au fond de ce désert, elle s’était faite à cette vie sans charmes, sans luxe, sans délicatesse d’aucune sorte, elle s’était pliée à ces habitudes simples. Et elle l’aimait encore. Elle était devenue une femme du peuple, en bonnet, en jupe de toile. Elle mangeait dans un plat de terre sur une table de bois, assise sur une chaise de paille, une bouillie de choux et de pommes de terre au lard. Elle couchait sur une paillasse à son côté.

Elle n’avait jamais pensé à rien, qu’à lui ! Elle n’avait regretté ni les parures, ni les étoffes, ni