Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/214

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les élégances, ni la mollesse des sièges, ni la tiédeur parfumée des chambres enveloppées de tentures, ni la douceur des duvets où plongent les corps pour le repos. Elle n’avait eu jamais besoin que de lui ! Pourvu qu’il fût là, elle ne désirait rien.

Elle avait abandonné la vie, toute jeune, et le monde, et ceux qui l’avaient élevée, aimée. Elle était venue, seule avec lui, en ce sauvage ravin. Et il avait été tout pour elle, tout ce qu’on désire, tout ce qu’on rêve, tout ce qu’on attend sans cesse, tout ce qu’on espère sans fin. Il avait empli de bonheur son existence d’un bout à l’autre. Elle n’aurait pas pu être plus heureuse.

Maintenant j’allais, pour la seconde fois, la revoir avec l’étonnement et le vague mépris que je sentais en moi pour elle.

Elle habitait de l’autre côté du mont qui porte la Chartreuse de La Verne, près de la route d’Hyères, où une autre voiture m’attendait, car l’ornière que nous avions suivie cessait tout à