Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/99

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J’eus honte de les déranger, comme si je commettais là une chose inconvenante et vilaine.

Ils m’examinèrent quelques secondes, puis se mirent à causer tout bas.

L’aubergiste, qui me connaissait depuis longtemps, prit une chaise près de la mienne. Il me parla des sangliers et du lapin, du beau temps, du mistral, d’un capitaine italien qui avait couché là l’autre nuit, puis, pour me flatter, vanta mon yacht, dont j’apercevais par la fenêtre la coque noire et le grand mât portant au sommet mon guidon rouge et blanc.

Mes voisins, qui avaient mangé très vite, sortirent aussitôt. Moi, je m’attardai à regarder le mince croissant de la lune poudrant de lumière la petite rade. Je vis enfin mon canot qui venait à terre, rayant de son passage, l’immobile et pâle clarté tombée sur l’eau.

Descendu pour m’embarquer, j’aperçus, debout sur la plage, les deux amants qui contemplaient la mer.

Et comme je m’éloignais au bruit pressé des