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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/107

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des abénakis.

vages. Le Père alla les visiter. Il en trouva un qui lui parut sur le point d’expirer. Ce malade ne parlait plus, et les sauvages attendaient son dernier soupir d’un instant à l’autre. Il le baptisa et le résigna à la mort. Il pria sur lui, puis lui suspendit au cou une petite croix, en lui faisant comprendre le secours qu’il pourrait recevoir de Dieu, par le moyen de cette croix. Le lendemain, il fut fort étonné de voir arriver à sa barque ce pauvre sauvage complètement guéri, tandis qu’il le croyait mort. Ce bon sauvage portait sa petite croix sur sa poitrine, avec une joie indicible[1].

Les Français furent reçus partout si cordialement par les Abénakis qu’ils s’aperçurent dès lors qu’ils auraient dans cette nation une barrière contre des voisins trop entreprenants, qui voudraient envahir leur colonie[2].

Quelques mois après le retour du P. Biard à Port-Royal, le P. Masse partit pour aller visiter et instruire les sauvages de la rivière Saint-Jean. Il était accompagné de Louis Membertou, fils du Chef mort à Port-Royal l’été précédent[3].

Des maladies et une affreuse disette règnaient alors parmi les sauvages de cet endroit. Le Père y souffrit tellement, par les jeûnes prolongés et par toutes sortes de misères, qu’il tomba bientôt dangereusement malade. Alors, Membertou, fort inquiété du danger où se trouvait le missionnaire, alla le voir, et lui dit :

  1. Relation du P. Biard. 1611. 44, 63.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Générale de la N. France. Vol I. 203.
  3. Relation du P. Biard. 1611, 40.