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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/108

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histoire

« Écoute, Père, tu vas mourir, je le devine. Écris donc à Biencourt et à ton frère que tu es mort de maladie, et que nous ne t’avons pas tué. — Je ne le ferai pas, » reprit le missionnaire en riant, « car tu me tuerais peut-être lorsque tu aurais cette lettre en ta possession. — Eh bien, dit le sauvage, prie donc Jésus qu’il t’accorde ta guérison, afin qu’on ne nous accuse pas de t’avoir fait mourir » [1].

Le Père recouvra la santé, et retourna à Port-Royal, après avoir passé plusieurs mois à la rivière Saint-Jean.

Tandis que les P. P. Jésuites travaillaient activement à la conversion des sauvages, de graves dissensions éclatèrent entre Poutrincourt et la Marquise de Guercheville. Poutrincourt, aveuglé par ses préjugés contre les Jésuites, porta de fausses accusations contr’eux, surtout contre le Frère Gilbert du Thet, qui était venu en Acadie et était retourné de suite en France. Le Frère Jésuite se défendit et se justifia complètement, et Poutrincourt fut convaincu d’imposture. Alors, la Marquise de Guercheville, irritée de l’injuste conduite de son associé, se retira de la société, et songea à former un nouvel établissement en Acadie[2].

Voici quelle était la principale cause du mécontentement de Poutrincourt contre les Jésuites. Il aurait voulu porter en France une longue liste de sauvages baptisés, et il s’était imaginé que les Jésuites s’em-

  1. Relation du P. Biard. 1611. 21.
  2. Relation du P. Biard. 1611. 26-28.