Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
des abénakis.

presseraient de baptiser tous ceux qui se présenteraient. Mais ces religieux avaient vis-à-vis des sauvages des idées bien différentes de celles de M. Fléché. Ils savaient qu’on ne devait pas trop se fier à leurs promesses ; et la mauvaise conduite de ceux qui avait été baptisés trop vite les confirmait dans leur opinion. Ils crurent donc qu’il était prudent de les éprouver beaucoup avant de les admettre au baptême. Poutrincourt, fort désappointé, conçut de la mauvaise humeur de ce retard. Lescarbot lui-même parait croire que les Pères auraient dû être plus tolérants. « Les sauvages », dit-il, « ayant par la liberté naturelle l’usage de la polygamie, c’est-à-dire, de plusieurs femmes, ainsi qu’aux premiers siècles de la naissance et renaissance du monde, ils les ont d’abord voulu réduire à la monogamie, chose qui ne se pouvait faire sans beaucoup de scandale à ces peuples, ainsi qu’il est arrivé. Fallait que cela fût venu de gré à gré, ou autrement laisser les choses en l’état qu’elles se trouvaient, par une tolérance telle que Dieu l’avait eue envers les anciens frères, auxquels la polygamie n’est en nul lieu blâmée ni tournée à vice »[1].

Les P. P. Jésuites étaient trop éclairés et trop attachés à leur devoir pour se laisser influencer par ce faux raisonnement, et autres semblables, que leur faisait Poutrincourt. Ils reconnurent de suite que ces raisonnements n’étaient pas catholiques ; et, comme il n’est pas permis de transiger avec l’erreur, ils persévéré-

  1. L’Abbé J. B. A. Ferland. Hist. du Canada, 1ère partie. 82.

    Relation du P. Biard. 1611. 21-24.