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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/139

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des abénakis.

lui, en étaient profondément affligés. Tous étaient unanimes à croire qu’il succomberait aux coups de leurs prophètes.

De leur côté, les jongleurs s’irritèrent et se soulevèrent contre le Père. Ils prétendirent qu’il n’était lui-même qu’un imposteur, puisqu’il osait révoquer en doute leur science et leur puissance, tandis que ces choses étaient si bien connues par la nation, et prouvées depuis longtemps par un grand nombre de faits éclatants. Ils déclarèrent que, par la puissance de leurs sortilèges, ils sauraient bien le punir de cette audace, et que bientôt il se repentirait d’une conduite si injuste et si téméraire.

Les sauvages hésitèrent pendant quelque temps, ne sachant quel parti prendre. Mais Dieu avait jeté des yeux de miséricorde sur ce pauvre peuple ; il voulait le retirer des ténèbres de l’ignorance, et briser les chaînes, qui le retenaient depuis si longtemps sous l’esclavage du démon. Il permit alors plusieurs faits extraordinaires, qui ouvrirent les yeux à ces pauvres gens, et leur prouvèrent, d’une manière évidente, la véracité et la force des paroles de son ministre comme le ridicule et l’impuissance des menaces des jongleurs[1]. Nous citerons bientôt quelques-uns de ces faits.

Alors, la plupart des sauvages se séparèrent des jongleurs, et abandonnèrent leurs superstitions, protestant hautement que désormais ils n’auraient recours qu’à Dieu.

Cependant, quelques-uns ne consentirent pas de suite

  1. Relations des Jésuites, 1647. 58.