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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/138

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histoire

Les Abénakis avaient leurs jongleurs, ou sorciers, qui leur annonçaient leur bonne ou mauvaise fortune. Ils comptaient sur ces prédictions comme si elles fussent venues du ciel. Chaque sauvage recevait des jongleurs quelques objets, comme des petites pierres, des os ou autres choses semblables, qu’il conservait précieusement. Quelques sauvages conservaient un grand nombre de ces objets, qu’ils appelaient « Madaôdos ». Ils prétendaient que ces Madaôdos les protégeaient contre les accidents et les malheurs, et leur obtenaient une bonne fortune à la chasse, au jeu et à la guerre[1].

Le missionnaire s’appliqua à faire disparaître ces abominables superstitions. Il déclara aux sauvages que les jongleurs étaient des imposteurs, qui les trompaient sans cesse, qu’ils n’étaient ni plus savants ni plus puissants qu’eux, qu’ils ne se servaient de ces supercheries que pour obtenir d’eux des récompenses. Il leur défendit d’écouter désormais ces imposteurs, et leur ordonna de jeter au feu leurs Madaôdos, qui n’avaient aucune vertu.

Les sauvages furent d’abord comme foudroyés par ce discours. Ilss étaient convaincus que le Père commettait une grave injustice, en parlant de la sorte contre des gens, qui, suivant eux, méritaient tant de confiance, et que, de plus, il faisait une imprudence en les attaquant, parcequ’ils étaient très-puissants et qu’ils avaient des communications avec les esprits de l’autre monde. Les uns étaient très-étonnés de cette conduite du Père, d’autres, qui avaient déjà de l’affection pour

  1. Relation des Jésuites. 1647. 53.