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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/143

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des abénakis.

de l’eau qui donne la vie. » Mais ce malheureux, étant allé chez les Anglais et s’étant enivré, retomba aussitôt dangereusement malade. Il en attribua la cause à son péché. « Celui qui a tout fait, » dit-il, « m’avait guéri par sa bonté et sa puissance, mais l’ivrognerie m’a rejeté dans mon malheur »[1].

L’un des sauvages qui avaient amené le Père du Canada étant tombé malade, les jongleurs lui annoncèrent qu’il allait mourir, et que, si toutefois il guérissait de cette maladie, il ne verrait pas le printemps, parcequ’un Iroquois le tuerait, ce qui serait un juste châtiment de la faute qu’il avait commise en amenant une robe noire dans le pays des Abénakis. Mais, malgré cette prédiction, le malade recouvra la santé, et ne tomba point entre les mains des Iroquois [2].

Cependant, il arriva un malheur à ce bon chrétien. Il n’avait qu’un fils, qu’il aimait plus que lui-même, et il eut la douleur de le perdre. Alors, craignant que les sauvages n’attribuassent cette mort à sa croyance, il leur fit la harangue suivante :

« Je n’avais qu’un fils, que j’aimais plus tendrement que ma vie, et il est mort. Dieu me l’a enlevé, et il a bien fait, car je l’ai mérité. Il l’avait guéri de ses maladies, ayant peut-être écouté mes prières, ou voulant peut-être me récompenser de mon obéissance à ses commandements. Mais, l’ayant offensé grièvement depuis quelque temps, il m’a justement châtié par la mort de mon fils. Je ne

  1. Relations des Jésuites, 1647. 54.
  2. . Idem. 1647. 55.