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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/152

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histoire

animaux. Je pense sans cesse à Celui qui a tout fait ; je parle souvent à Jésus ; il me fortifie et me console. Je suis demeuré seul de ma famille. J’ai vu mourir ma femme, mon fils et mes petits neveux. J’en ai ressenti quelque douleur au commencement ; mais dès que je me suis mis en prières, mon cœur a été consolé, sachant que ceux qui croient et qui sont baptisés vont au ciel. J’ai remercié Celui qui a tout fait de ce qu’ils étaient morts chrétiens, et je sens une grande joie dans mon âme, sachant que je les verrai bientôt dans le ciel. Quand mon cœur veut s’égarer dans la tristesse, je me mets à genoux devant Dieu, et la prière me fait retrouver mon cœur »[1].

Un autre vieillard, qui avait aussi été baptisé, était devenu un véritable saint. Il était si adonné à l’oraison qu’il passait la plus grande partie de la nuit à s’entretenir seul avec Dieu, tandis que les autres se livraient au sommeil. Le Père, étant une nuit couché dans le wiguam de ce saint vieillard, l’entendit se lever et se mettre en prières, prenant les plus grandes précautions pour ne pas éveiller ceux qui dormaient près de lui ; c’est ce qu’il faisait toujours. Cette fois le Père veillait, afin de le surprendre dans cette pieuse ruse. Ce saint néophyte commença son oraison par les prières qui lui avaient été enseignées, puis en ajouta un grand nombre d’autres, qui exprimaient de si beaux sentiments que le Père en fut ravi d’admiration[2].

Lee sauvages assuraient que ce saint vieillard ob-

  1. Relations des Jésuites, 1652. 27.
  2. Relations des Jésuites. 1652. 27, 28.