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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/151

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des abénakis.

ques que les jongleurs leur avaient livrées au sujet de leurs malades, voulant les guérir à leur mode, par des cris, des hurlements et des sortilèges. « Ils ont été cause, » disaient-ils, « que nous avons redoublé nos prières, demandant à Dieu la santé de nos malades, afin qu’on ne nous forçât pas de les mettre entre leurs mains. Nous avons souvent été exaucés sur le champ, et, de cette manière, un grand nombre de nos malades ont recouvré de suite la santé. Après avoir adressé à Dieu toutes les prières que nous savions, et lui avoir dit tout ce qui nous venait au cœur, nous ajoutions : Tu connais nos cœurs. Nous voulons faire pour le bien des malades ce que fait notre Père. Nous voulons te dire tout ce qu’il te dit ; tu le sais et nous le savons. Regarde ce qu’il fait, et écoute ce qu’il te dit : c’est ce que nous voulons faire et te dire »[1].

Il rencontra un vieillard, âgé de près de cent ans, qu’il avait baptisé en 1647, le croyant alors sur le point de mourir. Lors de son baptême, ce bon vieillard était malade depuis trois ou quatre ans, et tout portait à croire qu’il était sur le bord de sa tombe ; mais, par le baptême, il reçut la santé du corps comme la vie de l’âme. Ce bon néophyte fut souvent un sujet d’édification pour ses frères. « Vous savez bien, » leur disait-il, « que j’étais mort avant mon baptême ; je ne vivais plus, je ne pouvais plus me remuer. Deux jours après, l’on me vit en santé. Cet hiver j’ai tué quatre orignaux, que j’ai rejoints à la course ; j’ai assommé deux ours et j’ai mis à mort une grande quantité d’autres

  1. Relations des Jésuites. 1652. 27.