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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/196

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histoire

vages. Il invita pour cette expédition les Abénakis, qui consentirent volontiers à s’unir aux autres alliés, Algonquins, Hurons et Iroquois chrétiens. Plus de 100 guerriers abénakis partirent immédiatement de Sillery, de la rivière Chaudière et des environs des Trois-Rivières, pour aller rejoindre à Montréal l’armée de l’expédition. Le gouverneur partit pour le lac Ontario, le 6 Juillet, avec une armée de 600 Canadiens, 400 sauvages et 300 hommes de garnison. Il était accompagné de M. de Bécancourt. À peine fut-il rendu au lac Ontario, que les exhalaisons malsaines des marais du voisinage causèrent dans son armée des fièvres, qui s’y propagèrent tellement qu’elles la rendirent bientôt incapable de combattre. Il se trouva alors dans l’obligation de demander la paix aux sauvages qu’il voulait combattre. Après quelques débats entr’eux, ces sauvages consentirent à la paix, avec la condition que les Illinois ne seraient pas compris dans ce traité de paix, et que l’armée française partirait dès le lendemain[1]. Un Chef iroquois prononça alors la harangue suivante : « Ononthio a été notre père depuis dix ans ; et depuis longtemps Corlaer[2] a été notre frère ; mais c’est parceque nous l’avons voulu. Ni l’un ni l’autre est notre maître. Celui qui a fait le monde nous a donné cette terre que nous foulons. Nous sommes libres. Vous nous appelez sujets. Nous, nous disons que nous sommes frères.

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la. N. France. Vol II. 319, 321.
  2. C’est ainsi que les Iroquois appelaient le gouverneur de Nouvelle-York, du nom d’un Anglais qui s’y était établi.