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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/205

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des abénakis.

et 300 se placèrent dans un ruisseau. Ces derniers devaient laisser passer les ennemis, puis les attaquer subitement par derrière, afin de les jeter dans la seconde embuscade.

Les Abénakis arrivèrent à la première embuscade bien avant le corps de l’armée. Les Iroquois, prenant l’avant-garde des Français pour leur armée entière, poussèrent le cri de guerre, et se jetèrent sur elle avec fureur. À cette attaque inattendue, la plupart des alliés se découragèrent et prirent la fuite. Mais les Abénakis tinrent ferme[1]. Aidés des Canadiens, ils combattirent vigoureusement, ne cédèrent pas un pouce de terrain, et résistèrent à cette impétueuse attaque jusqu’à l’arrivée d’un secours. Au plus fort de la mêlée, un détachement de Canadiens arriva au pas de course. Alors les Iroquois épouvantés, s’enfuirent vers ceux qui étaient cachés dans le marais ; ceux-ci, saisis à leur tour d’une terreur panique, prirent aussi la fuite. Quarante-cinq Iroquois furent tués en cette rencontre et environ soixante furent blessés. La perte des Français fut peu considérable[2].

Ainsi, il est bien évident que l’avant-garde de l’armée française fut sauvée en cette rencontre par le

  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. 1. 263.
  2. Parmi les Iroquois chrétiens du Saut Saint-Louis qui étaient dans cette expédition, était un Chef, connu sous le nom de « Cendre Chaude ». Ce brave Chef fut tué dans cette rencontre, après s’être défendu avec courage. Il avait été l’un des bourreaux du P. de Brébœuf, et il attribuait sa conversion aux prières du Saint Martyr. Ce nouveau converti répara bien son crime, en travaillant avec une activité incroyable à la conversion des infidèles dans sa nation. « Peu de missionnaires, » « dit le P. de Charlevoix, « ont gagné à Dieu autant d’infidèles que lui. » (Hist. Gén. de la N. France. Vol II. 354.)