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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/207

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des abénakis.

temps du plaisir de ravager les terres de leurs ennemis. Tout fut détruit : le maïs fut brûlé[1], et les animaux furent tués.

Les Abénakis demandèrent alors avec instances à marcher contre les autres cantons iroquois, représentant que l’occasion était favorable pour exterminer tous les Iroquois, puisqu’ils étaient tous sous l’empire de la terreur. Mais, Denonville refusa obstinément de se rendre aux suggestions de ces sauvages[2]. Il renvoya alors ses alliés et la plupart des troupes, et alla bâtir un fort à Niagara[3], où il laissa le Chevalier de la Troye et une garnison de cent hommes. Bientôt après, une terrible maladie s’étant déclarée dans le fort, M. de la Troye et sa garnison toute entière y périrent. Peu de temps après, le fort de Niagara fut abandonné et ruiné[4].

Denonville s’arrêta trop vite dans cette expédition chez les Iroquois, et laissa son entreprise inachevée. Il n’aimait pas les sauvages ; il en avait une telle horreur qu’il avait peine à en soutenir la vue[5]. Il croyait qu’il était impossible à un sauvage de donner un avis sage et sensé. C’est probablement pour cette raison qu’il ne fit aucun cas de celui des Abénakis en cette occasion. Ce fut un malheur, car cette expédition

  1. Suivant le P. de Charlevoix, il fut brûlé en cette occasion chez les Tsonnonthouans 400,000 minots de maïs — (Hist. Gén, de la N. France. Vol II. 855.)
  2. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I. 264.
  3. Bancroft. Hist. of th U. S. V 1. II. 653.
  4. Le P. du Charlevoix, Hist. Gén. de la N. France. Vol II, 336, 364.
  5. Idem. Vol. II. 364.