Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
histoire

chement de Canadiens et d’Iroquois du Saut Saint-Louis, pour le secourir, et fit avertir les Abénakis de Saint-François d’aller en toute hâte rejoindre cette troupe. Schuyler, repoussé à la Prairie, se dirigeait vers la rivière Richelieu lorsqu’il rencontra de Varennes, qu’il attaqua avec fureur. Les Abénakis et les Iroquois se couchèrent aussitôt ventre à terre, derrière des arbres renversés, pour essuyer le premier feu des Anglais, puis, se levant avec rapidité, se précipitèrent sur eux avec tant d’impétuosité et de vigueur qu’ils les mirent en fuite. Schuyler rallia ses troupes deux fois, et fut chaque fois vivement repoussé. Enfin, après un combat de deux heures, il fut forcé de s’enfuir, laissant ses drapeaux et ses bagages sur le champ de bataille[1].

Les Abénakis brûlaient du désir de poursuivre les fuyards, mais ils étaient tellement épuisés de fatigue qu’ils furent forcés d’y renoncer pour prendre quelque repos. Ils avaient laissé leurs wiguams avec tant de précipitation pour obéir à l’ordre du gouverneur, qu’ils ne s’étaient pas même pourvus de vivres pour le voyage. La marche forcée qu’ils avaient faite, et le rude combat qu’ils venaient de soutenir, sans prendre de nourriture, les avaient réduits à un état d’épuisement complet.

Les Iroquois, voyant qu’ils n’étaient pas poursuivis, retournèrent bientôt sur leurs pas, se divisèrent en plusieurs bandes, et se répandirent au Nord et au Sud du Saint-Laurent pour ravager les campagnes. Ils

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. III. 152, 153. — Garneau. Hist. du Canada, Vol. I. 127.