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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/261

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des abénakis.

poussée par le désir de se faire chrétienne, était venue de l’Acadie, avec son mari, s’établir à la mission de la rivière Chaudière. Son ardeur pour s’instruire était telle qu’elle apprit bientôt toutes les principales prières. Elle fit preuve de suite d’une ferveur extraordinaire. Le missionnaire la suivit avec soin pendant trois mois, et, ne pouvant apercevoir aucune faute en elle, il crut devoir lui conférer le baptême, après ce temps d’épreuve. « Je ne voyais point encore », dit le Père, « les desseins particuliers de Dieu sur elle pour l’eslever à la haute saineteté où elle est »[1].

Un mois après son baptême, elle fut pénétrée de sentiments extraordinaires d’amour de Dieu, de confiance en lui et de douleur des fautes de sa jeunesse. Pendant un mois, elle passa la plus grande partie de son temps à l’église, priant et méditant. Elle disait souvent au missionnaire. « J’ai de la douleur d’avoir offensé Dieu, et j’espère, s’il m’aide, ne le plus offenser. Je suis disposée de faire tout ce qui sera nécessaire pour satisfaire à Jésus »[2]. Elle persévéra dans ces beaux sentiments.

Mais Dieu, voulant lui accorder de suite le bonheur de l’autre vie, lui envoya une grave maladie. Comprenant qu’elle allait mourir, elle reçut cette maladie avec la plus grande joie. Ne pouvant plus alors travailler, elle passait tout son temps à prier et à méditer, ne se plaignant jamais des douleurs qu’elle éprouvait. Lorsque le missionnaire lui parlait de Dieu, elle devenait

  1. Relation du P. Jacques Bigot. 1684, 20.
  2. Idem. 1684. 21.