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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/305

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des abénakis.

Voici ce que dit le P. de Charlevoix de l’établissement de ces sauvages à Bécancourt. « D’autres Abnaquis se trouvaient trop exposés aux courses des Bastonnais, et se voyaient en danger de mourir de faim, parcequ’ils n’étaient pas à portée de tirer des vivres des habitations françaises, et qu’ils ne pouvaient plus en avoir des Anglais. M. de Vaudreuil saisit cette occasion pour exécuter un dessein qu’il avait formé aussitôt après la mort du Chevalier de Callières. Il proposa à ces sauvages de venir demeurer dans la colonie et ils y consentirent. On les plaça sur la rivière de Békancourt, et ils y sont encore aujourd’hui. Le dessein du Gouverneur Général était d’opposer une digue aux Iroquois, au cas que ces sauvages se laissassent persuader par les Anglais de recommencer la guerre »[1].

À la lecture de ce passage, nous avons d’abord pensé que ces sauvages étaient très-rapprochés de la Nouvelle-Angleterre. Mais l’étude du mot « Damisokantic » nous a convaincu qu’ils étaient dans le haut des rivières Chaudière et Androscoggin, et que leur principale résidence était sur le lac Mégantic. Là, ils se trouvaient exposés aux courses des Anglais et étaient trop éloignés des Français pour en être secourus. Ils étaient visités et desservis par le P. Sébastien Rasle, alors missionnaire à Norridgewock, sur la rivière Kénébec.

En arrivant à Bécancourt, les sauvages se fixèrent une île, connue aujourd’hui sous le nom

  1. Le P. de Charlevoix, Hist. Gén. de la N. France, Vol. III 435.