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des abénakis.

gneur[1], rappelle assez naturellement le souvenir de ces anciens patriarches qui ne dédaignaient point de partager avec leurs domestiques le travail de la campagne et vivaient presqu’aussi sobrement qu’eux. Le profit qu’il peut faire par le commerce avec les sauvages ses voisins, en achetant d’eux les pelleteries de la première main, vaut bien les redevances qu’il pourrait tirer des habitants, à qui il aurait partagé ses terres »[2].

On voit par ces paroles que M. de Bécancourt vivait en bonne intelligence avec ses sauvages. Ceux-ci l’affectionnaient beaucoup, parcequ’il les traitait avec bonté. Mais il n’en fut pas de même pour son successeur, M. de Montesson. Celui-ci les maltraita, les accusa de s’être emparés d’un terrain qui ne leur appartenait pas, et les chassa de l’île qu’ils occupaient depuis plus de trente ans. La conduite du nouveau seigneur à leur égard fut certainement un peu dure, mais nous devons toutefois avouer que son droit de propriété sur cette île était incontestable, car elle n’était pas comprise dans le domaine cédé aux Abénakis, en 1708.

Plus tard, M. de Montesson eut avec les sauvages une autre difficulté assez grave, à l’égard d’un lot de terre. Cette fois, ceux-ci avaient plein droit, parceque

  1. Nous supposons que le P. de Charlevoix ne parle ici que de l’île des sauvages, car, vers 1700, il y avait déjà quelques habitants dans la Seigneurie de Bécancourt. L’acte de cession en faveur des Abénakis, passé en 1708, fait mention d’un nommé Louis Chadevergne. En 1721, il y avait plusieurs habitants à Bécancourt, surtout du côté Est de la rivière.
  2. Le P. de Charlevoix. Journal Hist. d’un voyage de l’Amérique. Vol. V. 161, 162.