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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/311

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des abénakis.

petites îles de la rivière Bécancourt et environ soixante arpents de terre, qu’ils possèdent encore aujourd’hui. Voilà tout ce qu’ils ont pu conserver de leur domaine.

Les contrats de concession des terrains qui ont été enlevés aux sauvages portent une clause tout-à-fait inusitée dans de semblables actes. On y voit que les concessionnaires sont mis en possession de ces terres « sans préjudice au bien d’autrui ». Ce qui indique clairement que les cédants doutaient de la légitimité de leurs droits sur ces propriétés.

On a donc usurpé ces terrains. Et, chose étonnante, les sauvages n’ont jamais pu faire entendre leurs justes réclamations à cet égard.

Cependant, il y a quelques années, on a semblé entendre leurs plaintes. Ils avaient adressé à la Législature une requête, en date du 3 Mars 1858, exposant la manière injuste dont on les avait dépouillés de leurs propriétés, faisant connaître l’état de pauvreté et de souffrance où ils se trouvaient réduits, par suite de cette injustice, et demandant que leurs terres leur fussent remises, avec indemnité. L’année suivante, le 2 Mai 1859, il fut résolu dans la Chambre d’Assemblée « qu’il serait désirable qu’il fut accordé quelques secours aux Abénakis de Bécancourt pour pourvoir à leurs besoins les plus pressants pour les retirer de l’état de misère où ils étaient alors »[1]. Un comité fut alors nommé pour s’occuper de la question des terres de ces sauvages.

  1. Journaux de la Chambre d’Assemblée. Vol. XVII. 562, 1869.