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histoire

À cette époque, il y avait environ 300 sauvages à Bécancourt ; lors de leur établissement sur l’île Montesson, on en comptait environ 500 ; c’était donc une diminution d’environ 200 en cinquante ans. Dès 1721, la population de ces sauvages avait considérablement diminué ; c’est ce que le P. de Charlevoix dit expressément, comme nous l’avons vu. Cette grande diminution de population avait été causée par les guerres et les épidémies. Depuis ce temps, le nombre de ces sauvages a toujours diminué, et aujourd’hui on n’en compte qu’une dizaine de familles, vivant dans la plus grande pauvreté.

Le domaine qui leur fut accordé, en 1708, comprenait environ six milles de terrain, en superficie. Ils le possédèrent jusqu’en 1812 ; mais ce ne fut toutefois qu’avec beaucoup de peine qu’ils purent le conserver jusqu’à cette époque ; car les représentants du premier seigneur de Bécancourt, suivant l’exemple de M. de Montesson, cherchèrent sans cesse à leur enlever des lots de terre. Enfin, en 1812, pendant qu’ils combattaient aux frontières pour la défense de leur pays adoptif, on s’empara injustement de ces terres. Lorsqu’ils revinrent de cette célèbre campagne, où ils avaient combattu si courageusement, leur domaine, divisé par lots, était possédé par des blancs ; et on ne leur avait pas même réservé un coin de terre pour se retirer. Irrités d’une pareille injustice, ils se jetèrent avec fureur sur les maisons, construites dans leur village, les détruisirent et défendirent, les armes à la main, ce morceau de terre. De cette manière, ils purent conserver deux