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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/316

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histoire

l’Amérique. Cependant, ceux qui agissaient avec prudence et justice à leur égard, ne trouvaient en eux que des cœurs généreux et bienfaisants.

Si les Anglais n’eussent pas maltraité les Abénakis, s’ils n’eussent pas commis contr’eux les plus regrettables injustices, leurs colons n’eussent pas été, plus tard, victimes de la vengeance de ces sauvages. Ils les avaient provoqués pendant de longues années, et leurs colonies ont subi les conséquences de tant d’imprudences.

Les Abénakis étaient aussi admirables dans leurs sentiments de gratitude à l’égard de leurs bienfaiteurs qu’ils étaient terribles dans leur vengeance. Un sauvage n’oubliait pas un bienfait. Il en gardait le souvenir pendant de longues années jusqu’à ce qu’il rencontrât l’occasion de témoigner sa reconnaissance à son bienfaiteur par quelque service, presque toujours proportionné à la grandeur et à l’importance du bienfait reçu. Un auteur anglais, John Frost, dans un ouvrage intitulé « le sauvage sur le champ de bataille, » rapporte sur le compte des Abénakis plusieurs traits de gratitude fort remarquables. Nous en reproduirons quelques uns. Comme cet écrivain est un ennemi de ces sauvages, on ne sera pas tenté de l’accuser d’avoir des préjugés en leur faveur.

Un parti d’Abénakis, en excursion sur la rivière Merrimack, New Hampshire, ayant été attaqué par un détachement de troupes anglaises, fut détruit. Un seul sauvage put s’échapper. Ce sauvage se réfugia dans une habitation anglaise, où il n’y avait alors