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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/320

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histoire

exécution son horrible dessein ; et, avant qu’elle ait le temps de proférer une seule parole, elle tombe percée de la balle dirigée sur Rebecca.

Ainsi, cette jeune sauvagesse sacrifia généreusement sa vie pour sauver celle de la bienfaitrice de son père. Le sauvage pleura la mort de sa fille ; mais il se consola en songeant qu’elle avait payé la dette qu’il devait à Rebecca depuis bien des années.

L’aventurier put s’échapper, et passa en Angleterre quelque temps après.

Quelques mois plustard, on félicitait le sauvage de cet acte admirable de dévouement. « Je ne mérite pas ces paroles, » répliqua-t-il, « car je n’ai fait que mon devoir. J’ai payé à Rebecca une dette que je lui devais depuis bien des années. Maintenant je mourrai content. »

Voici un autre trait de gratitude non moins remarquable.

Un Abénakis, occupé à faire la chasse dans la Nouvelle-Angleterre, s’arrêta à un petit village anglais et entra dans une auberge, après avoir passé plusieurs jours sans prendre de nourriture. Il demanda quelque nourriture à la maîtresse de la maison. Celle-ci lui refusa même un morceau de pain, en lui adressant des paroles injurieuses.

Un Anglais, qui se trouvait dans cette maison, avait été témoin de ce qui venait de se passer. Touché de compassion à la vue des souffrances et de l’état d’épuisement de ce malheureux, il lui fit servir ce qu’il demandait et paya pour lui.