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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/33

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des abénakis

grès de l’industrie. L’habileté des Européens dans les arts et métiers n’excitait aucunement leur émulation, quoiqu’ils fussent forcés d’avouer quelquefois que ces étrangers savaient beaucoup de choses. Suivant eux, la véritable habileté consistait à se rendre remarquable dans la guerre, la chasse et les voyages forestiers. En dehors de cette sphère, tout n’était que de peu d’importance pour eux. Aussi, lorsqu’ils entendaient parler d’un Européen qui se distinguait dans les voyages et la chasse, qui pouvait conduire un canot dans les rapides les plus dangereux, qui connaissait leurs ruses de guerre, qui voyageait sans guide à travers la forêt, et supportait courageusement la faim, la soif et les fatigues, ces récits les intéressaient à un très-haut degré. Ils exprimaient alors hautement leur admiration pour un si grand homme, disant qu’il était presqu’aussi habile qu’un sauvage. C’était, suivant eux, le compliment le plus flatteur qui pût être adressé à un Européen.

Aussi, la vie aventurière des Français de l’Acadie causa tant d’admiration parmi les sauvages qu’elle contribua pour beaucoup à attirer leur amitié. Les Anglais n’eurent pas cet avantage, car ils ne purent jamais se faire à cette vie d’aventures.

Voici comment ces sauvages célébraient leurs mariages. Le jeune homme, qui voulait se marier, offrait à la fille, qu’il désirait prendre pour sa femme, des bracelets, une ceinture et un collier de wampum[1].

  1. Le « wampum » était ce que les auteurs français nommaient « la porcelaine ». Ce mot vient de « 8ânbôbi », grain blanc, nom que les sauvages donnaient à cet objet. Le « 8ânbôbi » était fait de porcelaine ou de coquilles. De là, on comprend que le mot