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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/333

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des abénakis.

à une grande assemblée à Casco[1]. La plupart de ces Chefs ne consentirent pas à se séparer des Français. Cependant quelques uns firent la paix avec les Anglais. « Le soleil » ; dirent-ils, « n’est pas plus éloigné de la terre que nos pensées le sont de la guerre »[2].

Alors, M. de Vaudreuil, pour déconcerter toutes les intrigues des Anglais, se vit dans l’obligation de jeter les Abénakis dans la guerre. C’était, à dire vrai, un recours extrême ; « mais la sûreté, l’existence même de la population française était une raison suprême qui faisait taire toutes les autres »[3]. Il les associa à de braves Canadiens, les mit sous le commandement de M. Beaubassin, et les lança contre la Nouvelle-Angleterre. Pendant presque tout l’été, 1703, ces sauvages ravagèrent les établissements anglais, depuis Casco jusqu’à Wells, dans la province de Massachusetts. « Les sauvages, » dit Bancroft, « divisés. par bandes, assaillirent avec les Français toutes les places fortifiées et toutes les habitations à la fois, n’épargnant, suivant les paroles du fidèle chroniqueur, ni les cheveux blancs, ni l’enfant sur le sein de sa mère. La cruauté devint un art, et les honneurs récompensèrent l’auteur des tortures les plus raffinées. Il semblait qu’à la porte de chaque maison un sauvage caché épiait sa proie. Que de personnes furent massacrées ou entraînées en captivité ! Si des hommes armés, las de leurs attaques, pénétraient

  1. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol, I​I. 849.
  2. Idem. Vol. I​I. 849.
  3. Garneau. Hist. du Canada. Vol I​I. 31.