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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/396

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histoire

trouvaient le long de la Baie de Fundy et jusqu’à la rivière Kénébec. Les Français conservèrent leurs possessions sur la rivière Saint-Jean, et s’y fortifièrent.

Cependant, les Anglais crurent que les Abénakis de la rivière Kénébec se soumettraient volontiers à eux, et leur permettraient de faire des établissements sur leur territoire. C’était une chose fort importante pour eux ; car ils tenaient plus à la soumission de ces sauvages qu’à celle des Iroquois. Ils croyaient avoir pris, dans le traité d’Utrecht, toutes les mesures nécessaires pour acquérir la souveraineté de ce pays. L’article XII de ce traité portait que le roi de France cèdait à la reine d’Angleterre « l’Acadie, ou Nouvelle-Écosse, en entier, conformément à ses anciennes limites, comme aussi la ville de Port-Royal, alors appelée Annapolis Royale, et généralement tout ce qui dépendait des dites terres et îles de ce pays. »

Dès que le gouverneur de la Nouvelle-Angleterre eût reçu ce traité, il se hâta de le communiquer aux Abénakis. Mais il n’osa tenter de les réduire par la force, car il connaissait la valeur de cette nation et savait que les Anglais n’en étaient pas aimés. Il commença donc par agir avec prudence et ménagement à leur égard, et se contenta de leur dire d’abord que sa juridiction s’étendait sur leur territoire[1].

Bientôt, un Anglais demanda aux sauvages la permission de placer un magasin sur la rivière Kénébec, pour y faire la traite avec eux, promettant de leur vendre les marchandises à meilleur marché qu’il ne les

  1. Le P. de Chalevoix. Hist. Gén. de la N. France, Vol, IV. 108 — Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. II. 938.