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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/403

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des abénakis

l’innocence de leur vie, qui leur ôtent tout sujet d’appréhender les suites de la mort » [1].

Plusieurs de ceux qui n’avaient pas été atteints par cette maladie désiraient de l’être, afin de souffrir comme les autres. L’amour de ces bons chrétiens pour les souffrances était tel que quelquefois ils se plaignaient de ce que Dieu ne les jugeait pas dignes de souffrir. « Il n’y aura donc que moi », dit un jour une fervente chrétienne, « qui n’aurai point de part aux souffrances de mon Jésus. Je ne saurais m’empêcher de porter envie à tous ces malades. Lorsque j’entre dans leurs cabannes pour leur rendre visite, je leur envie leur bonheur, je dis en moi-même : que vous êtes heureux, vous autres vrais amis de Jésus, puisque vous êtes les compagnons de ses souffrances ? » [2].

Un jeune homme avait un affreux mal au bras, depuis deux ans. Les chairs en tombaient par lambeaux. Un jour, pressé par la violence de la douleur qu’il endurait, il versait quelques larmes. Le missionnaire, touché de compassion, cherchait à le consoler. Alors, le jeune homme, faisant un grand effort pour surmonter sa douleur, essuie ses larmes et dit d’une voix assez forte, mais qui marquait néanmoins combien il souffrait : « Ne crois pas, mon Père, parce que je verse des larmes, que je sois peu content de souffrir. Jésus voit mon cœur, et il sait bien, malgré les larmes que je verse quelquefois contre mon

  1. Relation du P. Vincent Bigot. 1701. 11, 12.
  2. Relation du P. Vincent Bigot. 1701. 17.