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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/404

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histoire

gré, que je veux parfaitement ce qu’il veut : lorsque je vois tous les jours sortir des os de ma main et de mon bras, je me console sur l’avenir, et je me dis à moi-même : lorsque je verrai mon Jésus je serai exempt de tous ces maux, je n’aurai plus rien à souffrir »[1].

Ce courageux jeune homme mourut en prédestiné, entre les bras de son missionnaire. La mort de ce jeune homme, qui arriva le lundi de Pâques, fut suivie, dès le lendemain, de celle d’une jeune femme de vingt ans. Cette mort ne fut pas moins édifiante que la précédente. Le Père exhortait la malade à lever souvent les yeux au ciel, afin d’obtenir quelqu’adoucissement à ses douleurs. « Ah ! mon Père, » reprit-elle, « bien loin de chercher du soulagement à mes maux, je demande du meilleur de mon cœur à Jésus qu’il les augmente, afin qu’au moins, pendant qu’il souffre et qu’on honore ses souffrances, je souffre aussi avec lui »[2].

« Toute ma peine », dit le Père, « lorsque j’écris ceci, est de ne pouvoir dire les choses comme je les vois, ne doutant nullement que ceux qui n’en sont point touchés les voyant sur le papier, ne le fussent extrêmement s’ils en étoient eux-mesmes témoins »[3].

Il y avait alors dans cette mission un vieillard, fort avancé en âge, et devenu aveugle depuis un an. C’é-

  1. Relation du P. Vincent Bigot. 1701. 18.
  2. Relation du P. Vincent Bigot, 1701. 22.
  3. Idem. 1701, 20.