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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/405

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des abénakis

tait le plus beau naturel que le Père n’eût jamais rencontré chez les sauvages ; il était en outre rempli d’esprit et de bon sens. Il ne connaissait pas le chagrin. Il priait tout le jour, et, comme son grand âge l’empêchait de dormir, il priait encore pendant la nuit. Il était si plein de Dieu que sa parole avait une onction toute particulière. Le missionnaire assure qu’il ne sortait jamais lui-même du wiguam de ce saint vieillard sans se sentir rempli d’une sainte joie.

Un jour que le Père lui parlait de son habitude à prier si longuement, il répartit : « Que ferais-je autre chose, mon Père, que de penser à Jésus et à Marie, qu’à m’occuper du désir de les voir ? Voilà tout ce que je puis faire ; aussi, est-ce mon occupation continuelle nuit et jour. Ah ! mon Père, qu’il est vrai que le christianisme remplit le cœur d’une solide joie ! Je vois ma mort proche, elle ne m’effraie point. Jésus aura pitié de moi. Voilà le sujet de ma joie. J’aurais souhaité au temps de la passion de mourir avec Jésus en croix, si je n’avais appréhendé de prévenir sa volonté en souhaitant de mourir avant le temps qu’il m’a marqué »[1].

Ce vieillard était autrefois grand harangueur, et il avait conservé sa grande facilité à parler. Le missionnaire se plaisait toujours à l’entendre, chaque jour, témoigner à Dieu sa reconnaissance ; ce qu’il faisait toujours d’une manière éloquente.

Il mourut le jour de l’Assomption, 1701. Après sa

  1. Relation du P. Vincent Bigot. 1701. 32, 33.