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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/416

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histoire

Le missionnaire, avant de s’enfuir, avait eu la précaution de consommer les hosties consacrées qu’il conservait dans son église, et de mettre en sûreté les vases sacrés, ainsi que les ornements sacerdotaux. De sorte que les Anglais ne purent profaner le corps adorable de J.-C.

Le lendemain, les soldats poursuivirent le P. Rasle dans la forêt. Ils arrivèrent bien près de lui, tandis qu’il était caché derrière un arbre. N’étant plus qu’à huit pas de cet arbre, ils s’arrêtèrent tout-à-coup, comme retenus par une main invisible, et reprirent la route du village.

Les Anglais enlevèrent du village toutes les provisions qu’ils y purent trouver. De sorte que le Père demeura ensuite dans une grande disette, jusqu’à ce qu’il pût recevoir quelque secours de Québec[1].

Au retour de la chasse, au printemps 1722, les sauvages, irrités de l’insulte faite à leur vénéré missionnaire, décidèrent d’en tirer une éclatante vengeance. Le P. Rasle leur représenta toute l’imprudence d’une semblable démarche, et leur conseilla de ne pas prendre les armes. Mais ils étaient trop irrités pour suivre ce sage conseil. Ils invitèrent à la guerre leurs frères de l’Acadie, du Canada et même les Hurons de Lorette[2].

Ces sauvages se réunirent, et se jetèrent avec impétuosité sur la ville de Brunswick, qu’ils détruisi-

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 118.
  2. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I&#8203 ; I. 940. — Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 119