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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/417

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des abénakis.

rent de fond en comble. Ils incendièrent ensuite tous les établissements anglais de la rivière Kénébec[1].

Le P. Rasle comprit qu’à la suite de ces désastres le Gouvernement de Massachusetts allait décréter l’entière extermination des Abénakis, et qu’ils étaient perdus. Il conseilla alors à ceux de sa mission d’émigrer en Canada, leurs représentant qu’ils y trouveraient des frères, qui les recevraient, et des missionnaires, qui prendraient soin de leurs âmes. Les sauvages y consentirent, à condition que le missionnaire les accompagnerait. « Je ne partirai pas, » répondit le P. Rasle, « mon devoir est de rester ici, pour donner les secours de mon ministère aux infirmes et aux vieillards. Je ne tiens pas à la vie ; au contraire je mourrai avec joie dans ce village, en remplissant les devoirs que Dieu m’a imposés. C’est d’ailleurs ce que je désire depuis longtemps. Quant à vous, rien ne vous retient ici. Fuyez donc, pour éviter une mort certaine. »

Un grand nombre de sauvages suivirent ce sage conseil et émigrèrent en Canada. Ils versèrent d’abondantes larmes en se séparant de leur vénéré missionnaire, qu’ils ne devaient plus revoir que dans l’autre vie. Cette émigration eut lieu, en 1722[2].

Le P. Rasle ne s’était pas trompé. Pendant que

  1. Le P. de Charlevoix, Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 119.

    Bancroft. Hist. of the U.S. Vol. I​I. 940. — Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 109.

  2. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 940.