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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/420

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histoire

dirigèrent aussitôt leur feu sur lui. Bientôt il, tomba percé de coups, et expira au pied d’une croix qu’il avait plantée lui-même[1].

C’est ainsi que mourut le P. Sébastien Rasle, victime de son héroïque dévouement pour les Abénakis. Il donna sa vie pour ses ouailles. Il mourut à l’âge de soixante-et-sept ans, après en avoir passé trente-cinq au milieu des sauvages. Il avait demeuré vingt-huit ans à Norridgewock.

Les Anglais pillèrent l’église et le village, qu’ils réduisirent ensuite en cendres ; puis ils se retirèrent contents et croyant avoir pu enfin achever l’œuvre de la destruction des malheureux Abénakis de l’Acadie[2].

Après la retraite des troupes, les sauvages retournèrent sur les ruines de leur village, pour secourir les blessés et inhumer les morts. Ils trouvèrent le corps de leur missionnaire criblé de coups. Les soldats avaient enlevé sa chevelure, broyé et mutilé ses membres, rempli de boue sa bouche et ses yeux. Les restes du missionnaire, furent inhumés à l’endroit où il s’agenouillait pour son action de grâces, chaque jour après sa messe : c’était devant l’autel[3].

Le P. Rasle fut le dernier missionnaire Jésuite à la rivière Kénébec. Ainsi, avec lui, fut détruite pour jamais la mission Abénakise de Kénébec, qui avait

  1. Le P de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 120, 121. — Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I, 944.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén, de la N. France. Vol. IV. 122.
  3. Idem. Vol. IV. 122.