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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/428

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histoire

çais, car le lac Champlain leur donnait entrée dans le cœur même de la Nouvelle-York, et, de là, ils menaçaient à la fois Oswégo et Albany. C’est ce que les Anglais avait prévu.

Depuis 1730, les Abénakis eurent à souffrir, pendant plusieurs années, beaucoup de maux. La disette régnait dans le pays depuis 1729. Les habitants ne vivaient que de bourgeons et de pommes de terre[1]. Plusieurs personnes moururent de faim[2]. Cependant sous ce rapport les Abénakis souffrirent moins que les Français, parcequ’ils pouvaient se procurer une partie de leur nourriture par la chasse et la pêche.

En 1732, de grandes inondations et de terribles tremblements de terre effrayèrent les habitants. À l’automne de cette année, la mère Sainte-Hélène écrivait à ce sujet ce qui suit. « Depuis un mois c’est un tremblement de terre qui y jette une consternation qu’on ne peut exprimer. L’effroi y est si universel que les maisons sont désertes ; on y couche dans les jardins, les bêtes même privées de raison jettent des cris capables de redoubler la frayeur des hommes ; on fait des confessions générales de tous côtés ; plusieurs ont fui, peur d’être ensevelis sous les ruines de cette pauvre ville ; le fâcheux est que cela n’est pas fini. Il y a des puits qui ont entièrement tari, des chemins sont bouleversés. »

Les Abénakis de Saint-François furent dans une grande frayeur ; plusieurs fois ils pensèrent que leur

  1. Les pommes de terre étaient alors considérées en Canada comme une très-mauvaise nourriture.
  2. Lettre de la Mère Saint-Hélène. 1737.