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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/47

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des abénakis.

Les jongleurs soignaient les malades, prédisaient leur guérison ou leur mort, évoquaient et chassaient les « Madaôdos » qui les tourmentaient et les faisaient souffrir.

Lorsqu’un jongleur était appelé auprès d’un malade, il déclarait ordinairement de suite qu’un « Madaôdo » voulait faire mourir ce malade. Il sortait alors du wiguam, faisant mine d’aller à la recherche de cet Esprit ; puis revenait bientôt, et annonçait qu’il était caché sous terre, à un endroit qu’il indiquait, mais qu’il saurait bien l’en arracher et le détruire. Voici ce qu’il faisait alors. Il enfonçait profondément dans le sol un poteau, auquel il attachait une longue corde, par le moyen de laquelle les sauvages devaient réunir leurs efforts pour l’arracher. Ordinairement les premiers efforts des sauvages étaient inutiles. Alors le jongleur, faisant mine d’aller menacer le « Madaôdo » obstiné, remuait la terre au pied du poteau, qui, après plusieurs essais, était enfin arraché. Le jongleur, tout rayonnant de joie, montrait alors aux sauvages étonnés des arêtes de poisson, des os ou autres objets, fixés à l’extrémité du poteau qui sortait de terre, disant que ces objets étaient les restes du « Madaôdo » qu’il venait de détruire. Les sauvages, ignorant que le jongleur avait lui-même préalablement fixé ces objets au poteau, admiraient ce grand prodige.

Si la maladie ne diminuait pas à la suite de ce sortilége, le jongleur annonçait que le malade mourrait dans trois ou quatre jours. Alors, le pauvre malade, effrayé par cette prédiction, et convaincu désormais