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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/471

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des abénakis

vivres et de munitions. Le gouverneur résolut de détruire ce fort. Il envoya, au mois de Mars, M. Chaussegros de Léry, avec 96 soldats, 166 Canadiens et 82 sauvages, dont la plupart étaient Abénakis, pour exécuter ce projet[1]. M. de Léry partit sur les glaces, et se rendit à travers les forêts et les montagnes, par des routes que les Abénakis seuls connaissaient, à une petite distance du fort Bull, où il s’arrêta, pour prendre quelques connaissances des lieux ; puis ensuite, il marcha résolument à l’attaque du fort. Il espérait le prendre par surprise ; mais les Abénakis, ayant poussé leur cri de guerre trop vite, donnèrent l’alarme aux Anglais ; ceux-ci eurent le temps de fermer le fort et de se mettre en défense.

De Léry fit sommer le commandant de se rendre ; mais celui-ci lui répondit par une fusillade. Alors, le combat s’engagea. Après une heure de lutte, les palissades furent renversées ; les Canadiens et les sauvages entrèrent dans le fort, la hache à la main, et tuèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent. Quelques hommes seulement de la garnison purent s’échapper. Trente furent faits prisonniers et emmenés à Montréal[2].

De Léry, étant maître du fort, commença à faire jeter à l’eau les barils de poudre, en les faisant défoncer. Mais, le feu ayant pris à une maison, il fut obligé de se retirer avec précipitation, craignant que la poudre ne prit feu. À peine était-il à quelques arpents que le fort sauta. La commotion fut si forte que toute la

  1. Mémoires sur les affaires du Canada, 1749-1760. 70.
  2. Mémoires sur les affaires du Canada. 1749-1760. 71, 72.

    Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. III. 168.