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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/529

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des abénakis.

niers offraient alors le plus pénible spectacle. Les hommes chargés de paquets d’effets, étaient épuisés de fatigues ; Marie-Anne Willard ne marchait qu’avec peine ; les enfants hors d’haleine, sanglotaient et faisaient entendre des cris lamentables ; Madame Johnson, ne pouvant plus marcher, se laissa choir sur le sol. Elle était enceinte et touchait aux derniers jours de sa grossesse ; de là, il est facile de comprendre dans quel pénible état cette marche l’avait réduite ; et, en outre, son pied nu était déjà horriblement blessé, ce qui lui causait de grandes souffrances. Au milieu de la route qu’on venait de parcourir, elle avait été forcée de s’asseoir un instant : alors, un sauvage s’était avancé vers elle, tenant un couteau à la main ; elle avait cru qu’il voulait l’égorger, mais ce n’était que pour couper une bande qu’elle portait par dessus sa robe ; ce qui la soulagea, et la mit en état de pouvoir suivre les autres.

Les sauvages, voyant l’état d’épuisement des prisonniers, firent halte pour déjeuner. Ce repas fut très-frugal et ne consista qu’en un morceau de pain, quelques pommes et du raisin, objets enlevés à la maison.

Cependant, l’état de Madame Johnson causait quelqu’inquiétude aux sauvages, car ils avaient compris que sa situation ne lui permettait pas de faire un long voyage à pied, à travers les forêts ; et, pourtant, ils tenaient beaucoup à l’emmener en Canada. Ils trouvèrent bientôt le moyen de sortir de cet embarras, en s’emparant d’un vieux cheval qui se trouvait par hasard