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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/532

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histoire

gens leurs exploits, soit à la chasse, soit à la guerre. Ces discours, où les moindres détails n’étaient jamais oubliés, étaient écoutés avec la plus grande attention. Après cette longue conversation, chacun prenait sa place sur les branches de sapin, et dormait bientôt d’un profond sommeil, comme sur le meilleur lit de duvet.

Avant de se livrer au sommeil, nos excursionnistes mirent leurs prisonniers et leur camp en sûreté. Deux sauvages furent placés à la garde du camp pendant toute la nuit[1]. Voici ce qui fut fait pour les prisonniers. On fendit des morceaux de bois à l’une de leurs extrémités seulement, puis on emprisonna les jambes des hommes dans cet étau d’un nouveau genre ; l’autre extrémité des morceaux de bois était liée, par le moyen de cordes, à des branches d’arbre, à une hauteur assez grande pour que les prisonniers ne pussent y atteindre. Marie-Anne Willard fut forcée de se coucher entre deux sauvages. On lui avait mis autour du corps une corde, dont les deux extrémités étaient retenues sous ces sauvages. De sorte qu’elle ne pouvait faire le moindre mouvement sans éveiller ses deux gardiens. Ces précautions furent prises pendant six jours.

Comme on ne craignait pas l’évasion de la malade, on lui permit de reposer près de ses enfants et on lui donna des couvertes. Sans cet acte d’humanité et de

  1. Les Abénakis prenaient toujours cette précaution dans leurs expéditions, lorsqu’ils étaient dans des endroits accessibles à l’ennemi, afin de ne pas être attaqués à l’improviste pendant leur sommeil.