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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/533

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des abénakis.

prudence de la part des sauvages, Madame Johnson et ses enfants seraient certainement morts de froid avant d’arriver en Canada. On sait que la plupart des prisonniers furent arrachés de leurs lits ; ils furent entraînés si précipitamment qu’ils n’eurent pas même le temps de se vêtir. Johnson et Farnsworth avaient les pieds nus et n’avaient sur eux que leurs pantalons et leurs chemises ; Madame Johnson et sa sœur étaient vêtues de vieilles robes qu’un sauvage leur avait apportées en partant de la maison ; les enfants n’avaient pas d’autres vêtements que leurs chemises. Voilà comment les prisonniers étaient vêtus pour faire un long voyage, à travers les forêts et les montagnes, dans une saison pluvieuse, où les nuits sont parfois brumeuses et fort froides. Aussi, la première nuit qu’ils passèrent en plein air fut affreuse pour eux ; cependant les grandes fatigues de la journée les forcèrent à prendre quelques heures de repos.

Le lendemain, 1 Septembre, les sauvages furent sur pied avant le lever du soleil, au premier cri du Chef[1]. Ils préparèrent immédiatement leur déjeuner, donnèrent à leurs captifs un peu de bouillie d’eau et de farine, et ordonnèrent la marche aussitôt après le repas. Cependant, Madame Johnson était si malade et si

  1. Dans leurs expéditions, les Abénakis avaient toujours un Chef à leur tête. Lorsqu’aucun Chef du village ne pouvait les accompagner, alors ils choisissaient l’un des plus anciens guerriers du parti pour les commander. Ce Chef ordonnait la marche et commandait à l’attaque contre l’ennemi ; dans le voyage, il présidait les conseils qu’on y tenait, dans les circonstances critiques ; le matin, il ordonnait le lever des guerriers, et, dans le cours de la journée, il assignait les moments de repos. Tous se soumettaient aveuglement aux ordres de ce Chef, pendant le cours du voyage.