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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/536

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histoire

se déshonorer par cet acte à la fois si lâche et si cruel. Ils décidèrent de mettre de nouveau la malade sur le cheval, et d’essayer de continuer le voyage de cette manière. Mais on comprend qu’il ne fut pas possible à la malade d’aller bien loin. « Chaque pas du cheval, » dit-elle, « me privait presque de la vie. Mon état de faiblesse et de souffrance me rendait en quelque sorte insensible à toutes choses ».

On marchait très-lentement. La plus profonde tristesse était peinte sur la figure de tous les prisonniers ; les sauvages étaient dans la plus grande inquiétude et gardaient le silence. À chaque heure, il fallait s’arrêter et déposer la malade sur le sol, afin de lui laisser prendre quelques moments de repos ; sa vie fut ainsi conservée pendant le troisième jour du voyage.

Nos voyageurs campèrent ce jour là à la tête de la rivière blanche (White river), aux pieds de la chaîne de montagnes, connues aujourd’hui sous le nom de montagnes vertes du Vermont.

Le 3, l’air était froid et humide. Une brume épaisse glaçait les membres endoloris des prisonniers ; les enfants, à moitié nus, transis de froid et tremblotants avaient peine à se remuer ; Madame Johnson était encore plus malade que le jour précédent, et paraissait à chaque instant sur le point d’expirer.

Dans cette grande détresse, il semblait aux prisonniers qu’il leur était impossible de continuer la route ce jour là, vu qu’ils se trouvaient précisément à l’endroit le plus hasardeux et le plus périlleux du voyage, puisqu’il fallait franchir la chaîne de montagnes. Les sauvages comprenaient combien était il difficile de