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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/540

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histoire

tence. « La nuit », dit-elle, « fut une suite de craintes affligeantes pour moi, et mon extrême faiblesse avait tellement affecté mon esprit que toute difficulté me paraissait doublement terrible. Par l’assistance de Scoggin, j’avais été transportée bien loin, quoique ma faiblesse fût si grande qu’à chaque heure il fallait me déposer sur la terre pour m’empêcher d’expirer ; mais, désormais, je n’aurais plus ce secours, et je sentais qu’il m’était impossible de marcher. La mort au milieu des forêts me paraissait donc inévitable ». Ces pensées, l’empêchant de reposer, la fatiguèrent beaucoup, et lui firent perdre les forces qu’elle avait recouvrées dans la soirée.

Le 5, dès avant l’aurore, les sauvages étaient déjà à l’œuvre, pour préparer l’un de leurs plus friands mets. Les os moëlleux du vieux cheval furent jetés dans la chaudière, et y bouillirent bientôt, avec une grande quantité d’herbes et de racines. Les sauvages se régalèrent de cette soupe, et les prisonniers la trouvèrent excellente.

On fit alors les préparatifs du départ. Les sauvages, croyant que la malade était assez bien pour marcher, ne s’en occupèrent point, et se mirent en route. Déjà ils étaient presque tous partis, avec la plupart des prisonniers, lorsque Madame Johnson s’aperçut qu’on n’avait rien fait pour la transporter ; elle ignorait complètement ce qu’on voulait faire à son égard. Voici comment elle raconte ce qui arriva alors. « Mon sort m’était complètement ignoré, lorsque mon maître apporta quelques écorces avec lesquelles il attacha ma robe, en la relevant un peu pour me faciliter