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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/542

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histoire

une petite rivière que l’on traversa à gué, Madame Johnson, marchant plus lentement que les autres, y arriva lorsque toute la troupe était déjà sur la rive opposée. On lui signifia de traverser comme les autres. « Dès que je fus dans l’eau froide », dit-elle, « le peu de forces que j’avais disparut entièrement. Je ne pouvais, ni voir, ni parler. J’étais sans mouvement et sur le point de tomber, lorsque mon mari arriva à mon secours, et me porta sur l’autre rive ».

On s’empressa alors d’allumer du feu pour la réchauffer et lui préparer quelque nourriture. Ses forces se rétablirent peu-à-peu, et, après quelques heures de repos, elle se trouva capable de continuer la route. Cependant, il fut décidé que son mari la porterait, comme le jour précédent. Vers 4 heures de l’après-midi, on s’arrêta pour la réchauffer, car elle souffrait encore du froid. Pendant qu’on lui prodiguait des soins, elle était livrée à de sombres réflexions. « Sept jours, » dit-elle, « s’étaient presqu’écoulés depuis le fatal matin où nous avions été faits prisonniers, et par la divine miséricorde de celui qui conserve la vie à tous, nous étions encore vivants. Mon mari épuisé de fatigue, mes enfants presque nus, mon pauvre petit sans appui, formaient une scène qui me faisait plus souffrir que les douleurs que j’endurais. »

On arriva, le soir, à l’endroit où les sauvages avaient déposé des provisions, quelques jours auparavant. Le sac de farine et la graisse d’ours furent trouvés en bon ordre. Les prisonniers admirèrent alors la sagacité des sauvages, dans leurs voyages.