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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/546

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CHAPITRE VINGT-DEUXIÈME.

voyage du lac champlain à saint-françois.  captivité chez les abénakis.

On comprend quelle fut la joie de Madame Johnson lorsqu’elle se vit enfin sur le bord du lac Champlain ; le désespoir et ses horreurs furent à l’instant chassés de son esprit pour faire place aux influences d’une douce et bienveillante espérance. Les neufs jours de souffrances étaient terminés ; elle ne reverrait plus ces sombres et épaisses forêts, ces abruptes et hautes montagnes, ces savanes froides et fangeuses. Elle avait tant souffert dans cette longue route de neuf jours que la continuation du voyage, par la voie de l’eau, lui paraissait un véritable bonheur. Son mari allait être enfin débarrassé du fardeau qui l’avait conduit aussi près de la mort qu’elle-même. Ses chers enfants, qui avaient tant souffert du froid, trouveraient bientôt des vêtements, et ses malheureux compagnons de captivité recevraient certainement quelque soulagement à leurs misères. Douze heures de navigation suffiraient pour les conduire aux établissements français, où ils rencontreraient enfin des êtres civilisés qui seraient touchés de leur malheur et leur donneraient volontiers quelques secours. Telles furent les