Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/547

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
531
des abénakis.

pensées qui roulèrent dans l’esprit de notre malade. Aussi, l’heure qui s’écoula pendant qu’elle était assise sur le bord du lac Champlain fut, comme elle le dit elle-même, l’un des plus heureux moments de sa vie.

Il était l’heure du campement de la nuit, mais les sauvages voulurent profiter du calme de la nuit, pour traverser au côté gauche du lac. On s’embarqua donc sur les canots aussitôt après le souper. On marcha toute la nuit, au milieu d’épaisses ténèbres, par un temps froid et devenu très-humide par une épaisse brume.

Le lendemain, le 9, on alla débarquer, avant l’aurore, à un rocher, situé du côté Ouest du lac. Les sauvages se hâtèrent d’y allumer le feu, afin de réchauffer les prisonniers, qui avaient peine à se remuer, tant leurs membres étaient engourdis par le froid et par la position gênante du canot. Pendant ce temps, quelques uns se rendirent à une habitation française, située dans le voisinage, et en rapportèrent du pain, de la viande et du maïs. La chaudière fut aussitôt mise au feu, et, bientôt, la viande et le maïs exhalèrent en bouillant d’agréables vapeurs qui vinrent flatter délicieusement l’odorat des prisonniers. L’odeur seule de cette nourriture connue soulageait singulièrement leurs estomacs, affaiblis et dégoutés par la mauvaise nourriture qu’ils avaient reçue depuis neuf jours. Aussi, le repas qui leur fut servi quelques instants après fut délicieux pour eux.

Après avoir assouvi leur appétit, les sauvages se livrèrent aux réjouissances. Pendant le voyage dans la forêt, ils avaient souffert par les inquiétudes et par