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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/55

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des abénakis.

auprès des sauvages, pendant le reste de sa vie, pour étouffer leurs murmures contre les colons, calmer leurs mécontentements et les engager à conserver la paix. Aussi, l’on peut assurer que les Anglais ne durent le succès de la colonie du Massachusetts qu’à la protection de ce puissant et fidèle ami. Le tribut de reconnaissance qu’ils lui payèrent, cinquante ans plus tard, fut l’extermination complète de sa tribu et le lâche assassinat de son fils Philippe. C’est ainsi qu’ils vénérèrent la mémoire de ce Chef, qui les avait sauvés mille fois par sa généreuse et bienfaisante protection.

Les Anglais s’allièrent facilement aux Mohicans. Ces sauvages ne vivaient que fort peu de temps sur leurs terres. Ils erraient sans cesse çà et là, faisant la chasse et la pêche sur les terres de leurs frères, et commettant des déprédations partout où ils passaient, ce qui causait de fréquentes querelles avec les autres tribus. En outre, ils se rencontraient souvent, depuis plusieurs années, avec des pêcheurs anglais, et sympathisaient avec eux. Ils avaient établi avec eux un petit commerce de fourrures, et les considéraient comme des frères. Dans ces relations, plusieurs d’entr’eux avaient appris à parler l’anglais d’une manière assez passable[1]. Ainsi, leurs difficultés con-

  1. Tous les sauvages de la Nouvelle-Angleterre montrèrent une grande aptitude à apprendre la langue anglaise, et introduisirent de suite beaucoup de mots anglais dans leur langue. Les Abénakis montrèrent la même aptitude pour cette langue. Mais il, n’en fut pas de même pour la langue française : ces sauvages ne savaient que quelques mots de cette langue, qu’ils prononçaient d’une manière presqu’inintelligible, tandis qu’un grand nombre d’eux parlaient l’anglais avec assez de facilité. Cependant, ils avaient autant de relations avec les Français qu’avec les Anglais. Il faut donc croire que la langue des premiers offrait à ces barbares moins de charmes que celle des derniers.