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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/551

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des abénakis.

sauvages débarquèrent avec Labarre, Madame Johnson et son enfant.

Cet incident fut un sujet d’inquiétude et d’angoisse pour les prisonniers. Comme ils ne savaient pas un mot de français ni d’abénakis, ils n’avaient pas compris l’ordre qui avait été donné, et pensèrent qu’on voulait les séparer peut-être pour toujours. Madame Johnson quittait son mari et ses enfants, sans savoir si elle les reverrait jamais ; Johnson était dans les mêmes inquiétudes, et les enfants, croyant que les sauvages allaient tuer leur mère, fondaient en larmes. Cette scène jetait la désolation dans le cœur de tous les captifs. Mais ils reconnurent bientôt que leurs craintes étaient mal fondées, car, quelques heures après, ils étaient tous réunis au fort Chambly, où on leur donna une bienveillante hospitalité.

Le 18, ils furent de nouveau livrés à leurs maîtres et embarqués cette fois sur des canots, pour faire route vers Sorel, où ils arrivèrent le 19 au matin.

À la nouvelle de l’arrivée de cette troupe de sauvages avec des prisonniers, un charitable citoyen de l’endroit se rendit au rivage, pour jouir un instant du triste spectacle qu’offrait ces malheureux captifs. Touché de compassion à la vue de leur pénible état, il les invita à aller se reposer quelques instants chez lui. Les sauvages s’y opposèrent d’abord, mais ils cédèrent aux instances du charitable citoyen. Ce brave homme fit servir aux captifs des rafraîchissements et un bon déjeuner ; puis il ordonna de préparer quelque nourriture pour le petit enfant, qui attirait particulièrement son attention et sa commisération. Mais,