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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/552

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histoire

les sauvages, demeurés à l’extérieur de la maison, n’accordèrent pas le temps nécessaire ; ils murmuraient, menaçaient et demandaient à grands cris leurs captifs. Il fallut se rendre à leur exigence.

On se rembarqua de suite et l’on continua la route. vers le village abénakis. On arriva vers midi à l’embouchure de la rivière Saint-François, à environ cinq milles du village sauvage. On s’arrêta en cet endroit pour diner.

Après le repas, les sauvages organisèrent encore leur danse guerrière ; les cris et les hurlemens se firent entendre de nouveau, et la danse fut encore accompagnée de mouvements violents, de gestes et de contorsions indescriptibles. Les prisonniers furent forcés de chanter et de danser jusqu’à complet épuisement. Alors on procéda à leur toilette.

C’était alors la coutume chez les Abénakis de faire une grande fête chaque fois que des guerriers arrivaient d’une expédition contre l’ennemi. On décorait les prisonniers de la manière qui paraissait la plus propre à faire connaître leur valeur et leur importance, puis, on les conduisait par tout le village. Tous les sauvages, hommes, femmes et enfants, les suivaient, en poussant d’horribles cris.

Nos excursionnistes firent donc la toilette de leurs prisonniers, pour se conformer à cette coutume. Ils leur donnèrent des habits nouveaux et leur rougirent la figure avec du vermillon, mêlé à de la graisse d’ours. Puis ils continuèrent leur route vers le village, et envoyèrent deux d’entr’eux en avant, pour annoncer aux sauvages la nouvelle de leur arrivée.