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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/555

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des abénakis.

droite et si inhabile que ses hôtes riaient de cœur-joie.

Le jour suivant, les captifs furent conduits au grand conseil pour être vendus. Ce conseil se tint en plein air, de la manière la plus solennelle. Environ 700 sauvages, hommes, femmes et enfants y assistaient. Le grand Chef était au milieu de l’assemblée, placé sur une petite estrade. Bientôt, à un signal donné, le plus profond silence s’établit. Chacun tourna ses regards vers le Chef, qui commença aussitôt une longue harangue. Le harangueur parlait de la manière la plus solennelle. Le son de la voix, le geste et l’expression de la figure annonçaient en lui un véritable orateur. Il parla longtemps et toujours avec force et facilité. Les sauvages l’écoutaient avec la plus grande attention, et paraissaient pénétrés de ce qu’il disait.

Les captifs furent vendus à des chasseurs, et échangés contre un certain nombre de couvertes et divers autres objets. Madame Johnson fut vendue à Joseph-Louis Gill, fils de Samuel[1].

À peine la vente des captifs fut-elle terminée qu’une autre fête commença dans le village, parceque des guerriers venaient d’arriver d’une expédition dans la Nouvelle-Angleterre. Ces guerriers n’avaient pas de prisonniers, mais ils apportaient un riche butin et un grand nombre de chevelures, levées sur les Anglais.

  1. Joseph-Louis Gill était alors âgé de 34 ans. Il était marié à la fille du grand Chef, de laquelle il avait eu deux enfants, Antoine et Xavier, encore fort jeunes. Son père, alors âgé de 57 ans, demeurait avec lui et était l’interprète anglais des sauvages ; il était alors veuf depuis près de 16 ans.